Un nouveau dépars

La maison était très joliment décorée. La jeune Neko et sa nouvelle maîtresse et amie entrèrent d'abord dans le magasin de Feena. Les rayons étaient vides mais cela n'étonna pas Moka. Feena n'avait pas pu travailler ce jour là, puisqu'elle avait consacré sa journée à Moka. La jeune Neko était très gênée que la jeune femme se soit occupée exclusivement d'elle. Elle décida que, pour aider sa maîtresse et amie, elle participerait à la vie de la boulangerie et pâtisserie en vendant les produits pour la jeune femme. Ce ne devait pas être très compliqué.

Puis, Feena lui montra le reste de la maison. Elle apparut très grande à Moka qui venait de sortir de sa cage. Mais elle se rappelait le manoir de son ancien maître, cette maison était minuscule à-côté. D'un autre côté, on se sentait moins noyé dans un espace plus restreint. Moka supposa qu'elle aurait probablement sa propre chambre ici, vu comment Feena la traitait depuis le début.

"J'aime beaucoup cette maison, Mademoiselle Feena."

Feena semblait persuadée que Moka et elle allait bien s'amuser dans cette maison toutes les deux ensembles. Moka n'en était pas forcément persuadée, mais ce dont elle était certaine, c'était que Feena était une bonne maîtresse et qu'elle n'aurait pas à s'inquiéter de son sort. C'était déjà une bonne chose, même si ça ne faisait pas tout. Pour le moment, ce dont elle pouvait être sûre, c'est qu'elle ne serait jamais plus ni battue, ni maltraitée et qu'elle mangerait toujours à sa faim. C'était déjà beaucoup, même si ça pouvait sembler peu.

Feena proposa à la jeune Neko de lui montrer sa chambre à coucher. Chez son ancien maître, Moka dormait dans le vieux grenier couvert de poussière. Elle passait son temps à éternuer. Ici, elle aurait apparemment sa propre chambre, et sans doute pas au grenier. Elle était vraiment contente de la façon dont se présentaient les choses et se disait déjà qu'elle avait beaucoup de chance.

"Bien-sûr, Mademoiselle Feena. Avec plaisir."

Quand elle vit la chambre que lui avait réservée Feena, Moka ne put en croire ses yeux. C'était la plus belle et la plus somptueuse des chambres qu'une princesse pourrait rêver d'avoir. C'était trop, bien trop pour une simple neko esclave comme elle. Elle ne pensait pas en mériter tant. Et pourtant, c'était ce qu'on lui offrait, ce que sa nouvelle maîtresse et amie lui offrait sans arrière pensée, sans rien réclamer d'étrange ou de sordide. Ce n'était pas une récompense suite à un travail bien fait, ni en remerciement de quoi que ce fût. C'était simplement un cadeau, un cadeau de bienvenue plus extraordinaire que tout ce qu'elle avait jamais reçu. Et Feena qui lui proposait de refaire la décoration. Il n'était pas question qu'elle débourse un sou de plus pour Moka, celle-ci y était bien décidée.

"C'est parfait, Mademoiselle Feena. Vraiment parfait !"

Moka était enchantée de la vie qu'elle allait mener dans cette pâtisserie, auprès de sa nouvelle maîtresse qu'elle aimait déjà de tout son cœur et qu'elle aiderait bien volontiers dans tous les travaux qui seraient nécessaires. A cet instant, Moka comprit quelque chose d'essentiel. Si les humains traitaient les Nekos avec plus de gentillesse et comme des amis, ceux-ci les aideraient plus volontiers que s'ils les maltraitaient pour les contraindre à obéir comme ils le faisaient actuellement. Les souvenirs de moka remontèrent aussitôt à la surface comme cela lui arrivait fréquemment depuis la mort de son ancien maître.

Chaque fois que ses pensées se tournaient vers son ancien maître, Moka ne pouvait s'empêcher d'occulter presque tout de sa vie avec lui, parce qu'un seul moment lui demeurait en mémoire, le pire, le plus terrible de tous ceux qu'elle avait vécu. Moka se souvenait sans cesse de ses mains, de ce regard lubrique, de ce qu'il lui avait fait. Depuis, elle n'avait jamais supporté la présence d'un homme trop près d'elle. Elle s'enfuyait à l'autre bout de la cage quand l'homme de l'animalerie venait la nourrir.

Moka se tourna vers Feena qui venait de lui poser une question et se força à lui sourire. Elle ne se sentait pas à l'aise mais elle ne voulait pas que Feena, qui avait tant fait pour elle, s'en rende compte. Feena voulait savoir ce que Moka désirait faire à présent. Ce qu'elle désirait, ce qu'elle voulait, personne ne s'en était jamais soucié et pour le moment, elle ne savait pas vraiment quoi décider.[/i]

"Je… je ne sais pas. Comme vous voulez."

Moka hésitait à tout révéler à Feena. Celle-ci était visiblement inquiète et elle l'avait été à chaque fois que Moka avait eu des pensées liées à son passé. Elle avait apparemment envie d'aider la jeune Neko et il fallait bien se faire au point que Feena ne voulait pas être considérée comme une maîtresse mais comme une amie. Il était évident que cette situation plaisait à Moka mais elle ne savait pas vraiment ouvrir son cœur comme une véritable amie, ayant toujours appris que ses états d'âme n'avaient aucun intérêt et que personne n'avait envie de connaître l'opinion d'une petite neko sans intérêt. Et il fallait bien avouer que Moka l'avait toujours cru. Elle s'était toujours dit qu'il valait mieux se taire plutôt que se prendre dans la figure une remarque exprimant le dégoût ou l'inintérêt de ses paroles. Elle avait appris à se taire et à se faire oublier, mais elle continuait à souffrir et à faire des cauchemars sans avoir la possibilité d'en parler à âme qui vive, n'ayant jamais reçu que du mépris et de l'indifférence.

Mais Feena, elle n'était pas indifférente, ni méprisante. Feena, elle avait envie de savoir ce qui était arrivé à la jeune fille depuis sa naissance et elle était sincèrement inquiète pour la petite neko. Moka n'était pas idiote et elle sentait bien que la proposition de conversation de sa nouvelle maîtresse visait à, ni plus ni moins, que de connaître un peu plus le passé de Moka afin de déterminer ce qui la faisait tant souffrir et la perturbait autant. Et si elle avait autant envie de savoir, Moka, elle, commençait à avoir de plus en plus envie de tout lui raconter. Elle commençait à être fatiguée de toujours tout garder pour elle, surtout quand une gentille jeune femme lui proposait de tout lui raconter, c'était trop dur de vivre ce calvaire sans pouvoir en parler quand quelqu'un le lui réclamait. Moka n'allait pas résister plus longtemps.

" Je suis née dans une famille de Neko Rebelles. On vivait dans un coin sombre et très isolé de la ville. J'ai grandi entourée d'une aura de rébellion envers toutes les formes d'esclavage et, quand j'étais petite, je partageais cette opinion. Lors de ma cinquième année, lors d'une rafle de rebelles, mes parents ont été tués et j'ai été capturée par des humains. J'ai été vendue, puis élevée dans une animalerie où l'atmosphère n'avait rien à voir avec ma vie de famille. J'étais rebelle et opposée à ma condition. Je me suis faite sévèrement corriger de nombreuses fois, mais je continuais de répondre à ceux qui m'élevaient. A treize ans, j'ai été vendue… à un maître… il… voulait… il s'était promis de me dompter. Il était très agressif et… A quatorze ans, je commençais… enfin, je devenais femme… il… il en a… profité."

Moka fut incapable d'aller plus loin. Elle fondit en larmes et s'effondra sur le lit.

Moka fut relativement surprise de la réaction de Feena à l'annonce de son viol. Bien entendu, elle s'attendait à une réaction, tout au moins, une réaction de dégoût, voire peut-être même de rejet, estimant qu'elle avait été salie au-delà de ce qu'il était tolérable. Elle s'attendait peut-être à de la compassion, sachant que Feena était une femme et qu'elle trouverait peut-être injuste, voire ignoble, le traitement qui avait été infligé à la jeune Neko. Mais elle ne s'attendait certainement pas à ce que Feena la traite en femme et assimile l'acte qui avait été commis sur elle à un viol sur une femme. Elle-même savait qu'elle ne valait pas plus que les êtres humains. On lui avait seriné ça pendant des semaines et des semaines. Elle avait été frappée, battue, violée, parce qu'elle avait eu le culot de se croire égale à une femme alors qu'elle n'était qu'une neko sans le moindre intérêt. Voilà ce que se disaient les humains habituellement. Aucun n'avait jamais considéré Moka comme Feena venait de le faire et la jeune neko la regarda à travers ses larmes.

"Merci… mademoiselle Feena."

Moka sentit son cœur s'alléger au fur et à mesure que Feena la réconfortait. Cela lui faisait du bien d'avoir à ses côtés quelqu'un qui faisait vraiment attention à elle et qui l'appréciait pour ce qu'elle était. Et puis, au moins, elle était maintenant certaine que plus aucun homme ou hybride ne la toucherait, sauf si elle le voulait. Cette perspective avait quelque chose de rassurant. Moka ne put s'empêcher d'accorder un magnifique sourire à Feena alors que celle-ci commençait à raconter sa propre histoire.

Mais au fur et à mesure que Feena avançait dans son histoire, le cœur de Moka se serrait de plus en plus. La tragédie qui avait frappé les parents et l'amie de cœur de Feena était terrible. Moka comprenait pourquoi Feena en était triste et elle était particulièrement fière que Feena ait décidé de reprendre la passion de ses parents en l'honneur de leur mémoire.

"Vous êtes… vous êtes vraiment… très courageuse, mademoiselle Feena."

Moka fut très surprise que Feena veuille lui apprendre des choses. Un neko dressé dans une animalerie digne de ce nom pouvait, en effet, être livré à n'importe qui et exécuter n'importe quelle tâche. Il était de devoir de la part d'un neko d'être autodidacte car de cela dépendait sa vie et, parfois, son niveau de vie. Les maîtres étaient quelquefois plus tendres avec les nekos lorsque ceux-ci se montraient dociles et humbles, obéissants et rigoureux. Moka en savait quelque chose. Elle demeurait persuadée que c'était parce qu'elle avait été élevée parmi des rebelles pendant les cinq premières années de sa vie que, par la suite, elle avait été battue et maltraitée sans vergogne, incapable de par ses principes d'obéir aveuglément sans chercher à comprendre. Elle avait appris à gagner sa liberté pendant cinq années et, pendant dix ans, elle avait appris à la perdre. Mais elle n'avait jamais réussi à gagner même une tranquillité réduite, parce qu'elle était incapable de se conduire convenablement.

Mais, chez Feena, les règles étaient différentes. Elle devait l'appeler par son prénom et c'était seulement parce qu'elle ne parvenait pas à être plus familière avec Feena qu'elle conservait le Mademoiselle, mais Feena souhaitait le lui voir perdre. Feena l'avait invitée au restaurant et lui offrait une chambre superbe digne d'une princesse humaine. Elle ne voulait pas être sa maîtresse mais elle voulait que Moka et elle soient amies. C'était assez perturbant pour la jeune neko qui ne savait plus ce qu'elle devait croire. Et maintenant, Feena désirait lui enseigner. Elle ne lui donnait pas l'ordre de faire quelque chose sans se soucier de savoir si Moka savait ou pas faire ce qu'elle allait lui demander. Mais elle requérait humblement l'aide de la jeune neko dans son travail quotidien et lui proposait pour la remercier de la former à son travail et à son art. Feena n'était vraiment pas une humaine comme tout le monde mais Moka ne pouvait s'empêcher de la trouver adorable et touchante.

"Et qu'allez-vous m'enseignez, Maîtresse Feena ?"

Alors qu'elle avait toujours considéré Feena comme sa nouvelle maîtresse depuis qu'elle était venue la chercher à l'animalerie. Elle n'avait pas réussi à la considérer plus familièrement quand elle l'avait invitée au restaurant et qu'elle avait dégusté des pâtes à la carbonara, elle n'avait pas réussi non plus à la considérer comme une amie quand Feena lui avait fait visiter sa maison ou lui avait montré sa chambre. Tous ces moments durant lesquels Feena avait essayé de lui donner son amitié, Moka n'avait pu l'accepter car elle n'y arrivait pas, cela ne faisait plus partie de ses convictions. Mais depuis qu'elle était parvenue à lui dire ce qu'elle avait vécu, en particulier son viol, elle se sentait plus proche de Feena, même davantage que lorsque Feena lui avait elle-même parlé des moments douloureux de sa vie. En cet instant, elle parvint même à prendre un air malicieux.

"Mais vous allez m'enseigner non ? Et quand une personne apprend à quelqu'un d'autre, c'est son maître ou sa maîtresse non ?"

Ensuite, Feena répondit à sa question. Moka parvenait enfin à se détendre et elle écouta avec beaucoup d'attention pour savoir de quoi serait faite sa formation. Elle sourit en apprenant que Feena avait envie de lui apprendre tout ce qu'elle voudrait. Moka en était très heureuse, même si elle ne savait pas exactement ce qu'elle avait envie d'apprendre pour le moment. Par contre, Feena semblait avoir envie de lui apprendre la pâtisserie et la boulangerie pour qu'elle puisse l'aider dans son travail. Moka en était ravie. Elle avait hâte de confectionner plein de bonnes choses que Feena pourrait vendre et pourquoi pas apprendre à vendre elle-même. Elle était impatiente de commencer tout cela. Mais elle ne savait pas si elle avait les capacités d'apprendre tout ceci. Elle n'était qu'une neko après tout, elle ne savait pas si elle était capable d'être aussi bien que Feena dans le travail de la boulangerie et de la pâtisserie.

"Je… je ne sais pas vraiment par quoi je suis passionnée. Mais… je serai ravie de t'aider en apprenant tout ce que je peux."

Feena avait apparemment compris, accepté et peut-être même aimé la plaisanterie de Moka. Par contre, elle ne semblait pas tellement d'accord avec l'opinion que la jeune fille avait du terme Maîtresse. Mais ça n'avait aucune importance, au fond, car la base de la situation était le fait que Moka et Feena avaient sympathisé. Par conséquent, Moka pouvait enfin s'estimer parfaitement épanouie. Le temps de l'esclavage était enfin terminé pour de bon et Moka allait pouvoir commencer à vivre pour elle-même et à apprendre ce qu'étaient ses goûts. Elle allait pouvoir essayer de savoir ce qu'elle aimait et comment faire évoluer ses passions. C'est alors que Feena commença à lui raconter combien il pouvait être difficile d'apprendre au début.

"Eh bien, tout ça est peut-être vrai, mais je ne laisserai pas tomber pour autant."

Feena était apparemment satisfaite de la façon dont Moka prenait les choses. Il semblait évident que Moka avait un réel désir d'apprendre et de faire de son mieux. En fait, Moka était un peu curieuse et elle avait hâte de savoir ce que Feena pourrait lui apprendre, quelque soit le sujet qu'elles aborderaient. Moka fut très contente quand Feena lui proposa de commencer par apprendre ce qu'elle-même connaissait avant d'aller plus loin et de chercher ce que pouvaient être els goûts de Moka.

"Je serai la meilleure des élèves ! Vous verrez !"